Kōzaburō Tamamura

Nikkō, les chutes de Kegon


Commentaire

Si Nikkō était une destination très prisée des voyageurs, c’est qu’au-delà de ses sanctuaires les environs comprenaient de superbes points de vues, malheureusement uniquement accessibles à l’époque par de longs trajets dans d’inconfortables kago. Tel le majestueux lac Chūzenji (中禅寺), aux eaux d’un bleu profond, entouré d’un cirque de sombres forêts peuplées de singes (macaques japonais). Ce lac volcanique sacré, culminant à 1269 m d’altitude, se déversait au pied d’une falaise en une cascade spectaculaire de quatre-vingt-dix-sept mètres de haut, les chutes de Kegon (kegon no taki 華厳滝), les plus célèbres du Japon. La rivière Daiya prenait sa source au pied de ces chutes.

En 1900, une maison de thé fut construite face à la cascade et le tourisme se développant, ce lieu devint connu pour le suicide des jeunes.

En 1903, l’un d’entre-eux, Fujimura Misao, un étudiant en philosophie de dix-sept ans, amoureux éconduit, grava sur le tronc d’un arbre son poème d’adieu avant de se jeter du haut de la cascade et connu ainsi une gloire posthume. Natsume Sōseki s’en inspira dans l’un de ses romans (kusamakura). Le poème d’adieu de Fujimura finissait ainsi :

« Debout sur un rocher au-dessus d'une cascade,
Je ne suis pas inquiet. ,
Je comprends pour la première fois,
Qu’un grand pessimisme n'est rien d'autre qu'un grand optimisme 1 . »

Notes

1. 既に巌頭に立つに及んで
胸中何等の不安あるなし。
始めて知る
大なる悲観は大なる楽観に一致するを。


Index


Permalien pour cette notice

http://www.guimet-photo-japon.fr/notices/notice.php?id=378