Kōzaburō Tamamura

Nikkō, le pont sacré 748 SACRED BRIDGE AT NIKKO

Commentaire

Arrivé à Nikkō, pour atteindre les mausolées des shogouns Tokugawa (徳川), il fallait franchir la rivière Daiya. Il y avait deux ponts, le profane pour les visiteurs ordinaires et le sacré (shinkyō 神橋), laqué en rouge vermillon, réservé aux shogouns. Voici les premières impressions du collectionneur Georges Labit 1 visitant cet endroit en 1889 :

« Pour se rendre aux différents temples, on passe le torrent, qui se nomme Daiya-Gava, sur un petit pont situé à quelques mètres du pont sacré, qui, lui, n’est ouvert qu’une fois l’an aux pèlerins. Il est fixé sur des piliers monolithes. Le rouge de la laque du pont, sur les eaux blanches du torrent, et dans un cadre de forêts du vert le plus sombre, forme, par cet assemblage bizarre de couleurs, un coup d’œil merveilleux. Le pont franchi, on entre dans une magnifique forêt, et un chemin dallé conduit au Samboutzou-do, ou temple des trois boudhas (sic) 2 . »

Le Sanbutsu-dō (三仏堂) auquel fait référence Labit est le bâtiment principal du temple bouddhique Rinnō-ji (輪王寺) qui renferme trois statues dorées en bois hautes de 8 mètres, liées au Bouddha Amida Nyōrai. L'enceinte du temple abrite la tombe du troisième shōgun Tokugawa, Iemitsu (家光, 1604-1651).

La vue de Tamamura, prise de l’autre pont, permet d’isoler le pont sacré. Suzuki Shin'ichi II (二代目鈴木 真一, 1855-1912), pour un sujet similaire, conservé également au musée Guimet (cf. épreuve 18230), avait préféré prendre le pont en contre-plongée, depuis le lit de la rivière, pour accentuer sa solennité.

Notes

1. Georges Labit, né le 12 février 1862 à Toulouse et mort le 9 février 1899 dans la même ville, est un voyageur et commerçant français. Il visita une première fois le Japon en 1889 où il réunit de nombreux objets, à la fois pour sa collection personnelle et pour approvisionner le bazar de son père, la Maison Universelle à Toulouse, place du Capitole. Il a fait construire le musée orientaliste Georges Labit à Toulouse pour y présenter sa collection.

2. LABIT Georges, Au Japon – Souvenirs de voyage, Toulouse, 1890, p. 43. (réédité en fac-similé par le musée Paul Dupuy à Toulouse en 1993).

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