Kōzaburō Tamamura

Kamakura, sanctuaire Tsurugaoka Hachiman-gū, lotus en fleurs sur l’étang Genpei No.54B. LOTUS FLOWERS AT KAMAKURA


Commentaire

Cette vue spectaculaire d’un étang sacré recouvert de fleurs de lotus roses a été prise à Kamakura devant le grand sanctuaire Tsurugaoka Hachiman-gu (鶴岡八幡宮) que l’on aperçoit en arrière-plan.

Après les lois sur la séparation du bouddhisme et du shintō (mouvement shinbutsu bunri 神仏分離), promulguées par le nouveau gouvernement de Meiji pour promouvoir le nouveau shintō d’État, ce sanctuaire syncrétique avait dû supprimer tous les bâtiments bouddhiques Tendai de son enceinte 1 pour être reconnu comme un sanctuaire shintō.

Cet étang est un dernier vestige du syncrétisme initial du sanctuaire et un souvenir de sa partie bouddhique, le lotus étant la fleur symbolique du bouddhisme, sa fleur s’élevant et fleurissant immaculée au-dessus de la boue du marécage, symbolisant ainsi l’élévation spirituelle.

Il y avait deux étangs situés à droite et à gauche de l’allée principale menant au sanctuaire principal, allée bordée d’une rangée de pins que l’on voit à gauche de cette épreuve. Ils étaient surnommés étangs Genpei (Genpei ike 源平池) car ils évoquaient la guerre entre les clans Genji (源氏) et Heike (平家) qui aboutit à la fondation du shogounat de Kamakura en 1185. L’étang sur la gauche, recouvert de lotus blancs symbolisait la famille Minamoto (Genji), celui sur la droite, que l’on voit ici, symbolisait la famille Taira (Heike) et était recouvert de lotus rouges qui évoquaient le sang répandu quand ces derniers furent massacrés par les Minamoto après leur défaite finale à Dan-no-Ura. Le récit de ces combats qui forment le Dit des Heike, était un grand récit bouddhique pour édifier les croyants et leur rappeler « l’impermanence de toutes choses » car « tout ce qui prospère nécessairement déchoit. L’orgueilleux certes ne dure, tout juste pareil au songe d’une nuit de printemps ».

Notes

1. Ainsi fut rasé le Yakushi-dō, une magnifique et rare pagode à deux étages de style tahōtō. Cette pagode photographiée par Felice Beato et le Baron Raimund von Stillfried (cf. épreuve 11415 dans les collections de Guimet) avait déjà disparue en 1872.


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