Apollinaire Le Bas

Chine, Shanghai, Wusung, l'aviso à vapeur le Kienchang CHINE Aviso à vapeur le Kien-chan


Inscription , au dessus et au dessous de la photographie, sur le support

CHINE
Aviso à vapeur le Kien-chan 


Commentaire

Le Bas, officier de marine avant d'être photographe, ne manqua pas de représenter les deux navires de la Division des mers de Chine et du Japon sur lesquels il navigua en Asie, le Kienchang puis la Sémiramis. Le Kienchang est un aviso, un petit navire de guerre, armé, rapide et de faible tonnage qui servait de liaison pour le commandement et assurait les communications entre les divers bâtiments, entre des navires et la terre ou de port à port. Il transportait colis et courriers. En Chine, il pouvait également remonter les fleuves, peu profonds.

Le nom de cet aviso à vapeur, orthographié par Le Bas « Kien-chan », fait référence à un fait d'armes français lors du siège de Tourane (aujourd'hui Da Nang) qui eut lieu de septembre 1858 à mars 1860 pendant la campagne franco-espagnole de Cochinchine. Il s'agit de la capture des forts de Kienchang le 18 novembre 1859. Ce lieu, et le nom du navire, sont aujourd'hui le plus souvent transcrit en Kienchang, plutôt que Kien-chan.

L'aviso Kienchang faisait la liaison courrier pour l'armée française entre la Chine et le Japon. À ce titre, il fut, avant même l'arrivée de Le Bas, le premier protagoniste des incidents qui menèrent à l'expédition de Shimonoseki à laquelle Le Bas allait participer au Japon.

En 1863, la tension était vive entre le shogounat et les fiefs dissidents du Sud-Ouest ralliés à l'empereur. Les Occidentaux résidant à Yokohama s'attendaient à une guerre civile. Le 11 mars 1863, le nouvel empereur Kōmei promulgua une ordonnance à l'attention du shōgun exigeant « l'expulsion des Barbares » (jōi jikkō no chokumei) – les résidents occidentaux – avant le 11 mai de la même année. Cette tâche impossible avait pour but de déstabiliser le shōgun et de fédérer les fiefs rebelles autour de la nouvelle autorité impériale. Le shōgun n'obéit pas à cette injonction, mais les fiefs dissidents avaient maintenant un prétexte pour attaquer les Occidentaux et défier ainsi l'autorité shogounale.

Le 26 juin 1863, en passant le détroit de Shimonoseki (détroit de Kammon) qui sépare l'extrémité de la côte sud de l'île principale du Japon (Honshū) de la côte nord de l'île de Kyūshū, le Kienchang essuya des tirs d'artillerie des batteries côtières du fief rebelle de Chōshū 1 , installées sur les hauteurs entourant la ville de Shimonoseki. Bien qu'il ait été assez endommagé, un seul marin fut blessé et il put s'échapper et poursuivre sa route.

Dans les jours qui suivirent, le vaisseau de guerre hollandais de seize canons Medusa fut également la cible des batteries et essuya une trentaine de tirs. Il riposta mais dut rebrousser chemin. Neuf de ses marins furent blessés ou tués. D'autres navires furent ensuite attaqués. Malgré une première expédition punitive qui fut menée contre ses batteries, en juillet 1863, par la Sémiramis, le fief de Chōshū continuait à bloquer le détroit. En 1864, quand Le Bas arriva à Shanghai, une nouvelle expédition punitive internationale était en préparation à laquelle Le Bas allait participer à bord de la frégate Sémiramis 2 , ancrée alors à Wusong et que Le Bas rejoignit à bord du Kienchang qui assurait la courte liaison entre Shanghai et Wusong.

Notes

1. Appelé également domaine de Nagato, dont la ville principale était Shimonoseki qui borde le détroit du même nom, côté nord. La rive sud du détroit, du côté de l'île de Kyūshū, appartenait au domaine de Buzen, pro-shōgun et donc opposé au domaine de Nagato, pro-impérial.

2. Cf. épreuve suivante.


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