Felice Beato

Garden and house of the high priest of Fusi-Yama at Omia [Jardin et maison du grand prêtre du Fusi-Yama at Omia]


Transcription modernisée

GARDEN AND HOUSE OF THE HIGH PRIEST OF FUSI-YAMA AT OMIA.

THE High Priest of Fusiyama is a Sintoo, and has charge and control over all the Sintoo Mias in the vicinity of the sacred mountain. He is not supported by the Government, but derives revenue from the voluntary subscriptions of the people, over whom he has ecclesiastical supervision—and of pilgrims who visit the mountain.

The origin of the government support given to the Buddhist priesthood, and temples, dates from Gongen Sama, the founder of the Shogoon’s dynasty—who, meeting with many reverses during his wars, was frequently driven for refuge to the temples—the priesthood sheltered, and assisted him, by counsel and advice; and Yongen-sama in return promised an endowment to each temple which thus afforded him a temporary asylum—eventually when he became powerful and had subdued his opponents he fulfilled his promise, and from that time to the present date, the priesthood have continued to receive Government grants—generally in rice—said to be about fifty kokos on an average; the larger proportion of Buddhist temples do not however receive this assistance.

The land belonging to Church property, is held by deed, which has to be renewed by each successive Shiogoon—as this office has been abolished, it becomes a question how this patronage will be disposed of, or whether the property will not be confiscated.

There are some Sintoo temples receiving this state assistance, as well as those of the Buddhists, but the number of the latter far exceeds that of the former.

(Aide en cas de problème d'affichage des caractères japonais)

Traduction

JARDIN ET MAISON DU GRAND PRETRE DU FUSI-YAMA AT OMIA.

LE Grand Prêtre du Fusiyama [mont Fuji] est un Sintoo [prêtre shintō], et a la charge et le contrôle de toutes les messes Sintoo [cérémonies shintō] à proximité de la montagne sacrée. Il n'est pas pris en charge par le gouvernement, mais tire ses revenus des souscriptions volontaires du peuple, sur lesquel il a une supervision ecclésiastique – et des pèlerins qui visitent la montagne.

L'origine de l'appui du gouvernement donné à la prêtrise bouddhique, et aux temples, date de Gongen Sama [Tokugawa Ieyasu], le fondateur de la dynastie des Shogun, — qui, ayant rencontré de nombreux revers lors de ses guerres, a souvent été conduit à chercher refuge dans les temples – le clergé le recueillit, et l'aida par ses conseils ; et Yongen-sama en retour promis une dotation à chaque temple qui lui avait ainsi offert un asile provisoire — quand il est devenu puissant et a soumis ses adversaires, il a vraiment tenu sa promesse, et à partir de ce moment-là jusqu'à la date actuelle, le clergé a continué à recevoir des dotations du gouvernement – généralement en riz – d'environ cinquantes kokos [koku 1 ] en moyenne; mais la plus grande partie des temples bouddhiques ne reçoivent pas cette aide.

Les terres appartenant à l'Église, sont détenues par contrats, qui doivent être renouvelés par chaque shogun – comme cette charge a été supprimée, se pose la question de savoir comment cette protection sera gérée, ou si ces propriétés ne seront pas confisquées.

Il y a quelques temples Sintoo recevant cette aide de l'Etat, ainsi que ceux bouddhiques, mais le nombre de ces derniers dépasse de loin celui des premiers.

1. Un koku correspond à 180 l environ. Un champ de 10 ares produisait en moyenne 7 tarawa de riz, soit 3,5 koku.


Commentaire

Le grand sanctuaire shintō de la ville d'Omiya (aujourd'hui Fujinomiya) rendait un culte au Mont Fuji et était l'un des points de départ des pèlerins pour l'ascension de celui-ci. Le consul britannique Sir Rutherford Alcock (1809-1897) 1 y a effectué la première ascension connue du mont Fuji par un occidental en 1860.

Le commentaire original associé à cette photographie est particulièrement intéressant car il évoque indirectement la destitution du dernier shōgun, Tokugawa Yoshinobu, en indiquant que la charge de shōgun a été supprimée et que cela va créer un problème quant au devenir des terrains alloués par le shogounat aux monastères bouddhiques. Ces terres furent effectivement en partie confisquées après 1868 par le nouveau gouvernement de Meiji avec la politique de séparation du bouddhisme et du shintoïsme (Shinbutsu bunri). Ces éléments nous indiquent que la légende imprimée date de 1868 ou 1869 au plus tard.

Notes

1. Premier représentant diplomatique britannique au Japon, il est l'auteur de The Capital of the Tycoon, publié en 1863.


Index


Permalien pour cette notice

http://www.guimet-photo-japon.fr/notices/notice.php?id=300