Ichida Sōta

Groupe de geishas à Kyōto


Commentaire

Un groupe de geishas (芸者) en apprentissage posent en extérieur dans le jardin d'un temple ou d'une salle de spectacle, dont on aperçoit les arbres en arrière-plan 1 . La passerelle surélevée ou se tient la moitié du groupe aère la composition de ce groupe compact d'une vingtaine de danseuses portant le même kimono et qui tiennent toute à la main un uchiwa 2 avec le même motif. Elles ont le visage fardé de blanc ainsi que la coiffure et le décolleté du kimono sur la nuque caractéristique des geishas et de leurs apprenties (généralement appelées maiko 舞子). C'est la photographie souvenir d'un spectacle de danse, comme les célèbres danses des cerisiers (Miyako Odori 都をどり) des geishas de Kyōto 3 données au printemps près de la rivière Kamo. Cet événement qui dure du 1er au 30 avril, pendant la floraison des cerisiers, et qui est un des temps forts des festivals de Kyōto fut créé en 1872 à l'occasion de l'Exposition nationale de Kyōto. C'est une des mesures prises par la municipalité de Kyōto à l'ère Meiji pour réagir à l'immense perte économique et symbolique que constitua le déménagement de la capitale impériale de Kyōto à Edo (renommée Tōkyō) en 1869.

À la gauche du groupe assis au premier plan on note deux jeunes enfants (avec des coiffures distinctives qui leur sont réservées). Des servantes, car elles sont habillées différemment et plus simplement d'une veste courte et d'un pantalon hakama à carreaux. Parmi les danseuses en kimonos, deux sont également plus jeunes, leur coiffure est plus simple – une sorte de coupe au bol – et la plus jeune des deux (groupe du bas à gauche) n'est pas fardée de blanc. À l'ère Meiji, les futures geishas étaient encore achetées à leur famille à partir de l'âge de trois ans par les okiya (maisons de geishas). Tout en s'occupant des tâches ménagères, elles entamaient une première formation de musique et de danse. Les moins douées restaient ensuite servantes ou étaient revendues à une maison close et les autres devenaient maiko – apprenties geishas.

Dans l'album, cette vue de taille moyenne, est collée sur la même page que la précédente (cf. 10564).

Notes

1. Une autre photographie du même groupe, mise en couleur est conservée dans la collection Alinari à Florence. On arrive à lire sur le papier affiché sur un pilier le mot をどり (odori, « spectacle de danse »). Cf. ZANNIER Italo éd., La leggenda di un impero, Felice Beato e la scuola fotografica di Yokohama alla scoperta del Giappone 1860/1900, Florence, Alinari, 1995, p. 65.

2. Éventail rond non pliant, souvent utilisé en été.

3. Les geishas de Kyōto sont également appelées geiko (芸子).


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