Shin'ichi SUZUKI (II) 鈴木 真一 (二代目)

Temple bouddhique Rokkaku-dō, Kyōto


Inscription , en bas à droite

519 五百十九堂角六 ROKUKAKUDO


Commentaire

Le temple bouddhique Chōhō-ji (頂法寺), surnommé Rokkaku-dō (六角堂) pour sa forme hexagonale unique, est l’un des plus anciens de Kyōto. Il est encore aujourd’hui très populaire, étant lié à la naissance de l’ikebana, l’art de l’arrangement floral, dès l’époque Muromachi.

Sur cette photographie, l’espace bien dégagé autour du temple permet d’en apprécier pleinement l’architecture complexe, mais aujourd’hui, ce temple situé au cœur de la ville près du carrefour de Karasuma-Oike est complètement enchâssé dans un dense tissu urbain.

Le Rokkaku-dō aurait été fondé par le prince Shōtoku au début de l’époque de Heian et il a joué un rôle important dans le développement du Jōdo Shinshū (浄土真宗 l’« école véritable de la Terre pure »). Fondé par Shinran, un ancien moine Tendai, le Shinshū est encore un des courants les plus pratiqués du bouddhisme japonais. Émile Guimet, lors de son voyage au Japon, s’est longuement entretenu avec les prêtres de cette école lors d'une rencontre le 26 octobre 1876 dans le pavillon des nuages du Nishi Hongan-ji de Kyōto.

En bas à droite de l’épreuve, outre la double numérotation en chiffres arabes et japonais standard de Suzuki, on note un cartouche blanc encadré de noir où est inscrit en lettres majuscules noires « 堂角六 ROKUKAKUDO ». Ceci est le cartouche caractéristique du photographe Yokoyama Matsusaburō (横山 松三郎, 1838-1884). Il n’est pas inhabituel, à l’ère Meiji, de voir ainsi des épreuves provenant du fonds d'autres photographes. Les studios achetaient, échangeaient ou contretypaient frauduleusement de nombreuses épreuves et négatifs sur plaques de verre. Dans le cas de Suzuki, photographe de Tōkyō, il est logique qu’il fasse appel à d’autres photographes pour compléter ses vues du Kansai plutôt que d’entreprendre un long et coûteux voyage. Mais il y a une autre raison ici. Suzuki Shin'ichi et Yokoyama Matsusaburō étaient très proches et avaient travaillé ensemble. Vers 1882, Yokoyama avait mis au point, avec l'aide de Suzuki, un procédé pour stabiliser les couleurs des tirages qu’il avait nommé : shashin-aburae (写真油絵 « peinture à l'huile sur photographie »). Suzuki testa le procédé et produisit quelques portraits dans ce style 1 .

Notes

1. ESTEBE Claude, Le premier âge d’or de la photographie au Japon (1848-1883), Thèse de doctorat en langue & civilisation japonaise, sous la direction de Pierre-François Souyri, Paris, INALCO, 2006, p. 345


Index


Permalien pour cette notice

http://www.guimet-photo-japon.fr/notices/notice.php?id=281