Shin'ichi SUZUKI (II) 鈴木 真一 (二代目)

Nikkō, le pont sacré


Inscription , en bas à droite

3 SINKIO NIKKO


Commentaire

Le Pont sacré, shinkyō (神橋) à Nikkō, à 140 km au nord de Tōkyō, franchit la rivière Daiya et donne accès aux mausolées de la famille Tokugawa (徳川) : le Tōshō-gū (東照宮), le sanctuaire shintō qui abrite la tombe du premier shōgun Tokugawa, Ieyasu (家康, 1543-1616) et le Taiyū-in reibyō (大猷院霊廟), situé dans l'enceinte du temple bouddhique Rinnō-ji (輪王寺), qui abrite la tombe du troisième shōgun Tokugawa, Iemitsu (家光, 1604-1651).

Lors de la construction du Tōshō-gū, ce pont en bois voûté a bénéficié d'un solide soubassement de pierres. Il a en outre été laqué en vermillon vif et orné de poteaux coiffés d'un bulbe en bronze de style giboshi (擬宝珠). L’accès à ce pont était réservé au passage du shōgun et interdit au public par une chaîne. Lors du voyage officiel de l’empereur Meiji dans le Nord-Est du Japon en 1879, celui-ci traversa le pont en carrosse pour affirmer symboliquement son pouvoir 1 . Suzuki a opté pour une vue frontale, prise au niveau de la rivière en contre-plongée pour accentuer le caractère sacré du lieu. La mise en couleur de l'épreuve fait superbement ressortir le pont rouge sur le fond vert sombre de la forêt de cryptomères 2 plantée au début du xviie siècle lors de la construction du Tōshō-gū.

La longue série d'épreuves consacrée à Nikkō, qui compose la moitié de cet album, nous rappelle l'importance de cet ensemble à l'ère Meiji. Alors qu'aujourd'hui, lorsque l'on évoque l'architecture japonaise classique la quintessence en serait plutôt incarnée par Kyōto, la villa impériale Katsura ou l'esthétique des jardins zen, au xixe siècle c'est Nikkō qui incarne alors le mieux l'esprit japonais pour le gouvernement comme pour les visiteurs.

Cette première photographie de la série, le pont sacré de Nikkō, sert de transition entre le monde profane et l'espace sacré du Tōshō-gū.

Les sanctuaires et les temples de Nikkō ainsi que leur environnement naturel sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999.

Notes

1. MORITOMI Saegusa 三枝守富, 「日光山神橋」 (Pont sacré du mont Nikkō), épreuve à l'albumine sur papier avec légende manuscrite en japonais (photographie AP15636).

2. Le cryptomère, appelé sugi (杉) en japonais, est un conifère de la famille du cyprès, ressemblant à un cèdre.


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