Felice Beato

Kamakura, sanctuaire shintō Tsurugaoka Hachiman-gū Kamakura


Transcription modernisée

KAMAKURA.

THE origin of the name Kamakura or “District of the Sickle” being explained in another paper, and also the dates detailed on which it first became the residence, and next the capital, or Metropolis of the Shogun, it will be interesting to give the legendary account of its capture and destruction by Nita-Yoshi-sada.

“In the year (A.D.) 1333 a powerful Daimio and great general Nita-Yoshi-sada at the head of twenty thousand cavalry, made a descent on Kamakura; and finding high hills well protected, roads dangerous and guarded by many thousands of armed men, and the beach obstructed by huge branches of trees, and flanked at a distance of one or two hundred yards by numerous war junks filled with archers, so that he could in no way approach the town—he dismounted from his charger, and taking off his helmet, prayed to Ryu-jin the God of the Ocean (who corresponds to Neptune in Western mythology); and at the same time, drawing his sword, richly ornamented with gold, he threw it into the waves.—Then wonderful to relate—the waves receded, and it became dry land to the distance of about two thousand yards! whereupon his army, each desiring to be first, marched without further impediment into the town of Kamakura, captured it and put the inhabitants to the sword.

“On the day after this event in a temple on the hills, behind the principal temples of Kamakura, (the remains of which are now only to be traced with difficulty, two hundred and eighty three men of renown, and relatives of Inye-do of Sagami, (who appears to have been lord of the district, and who was conquered and driven out as before shown, committed Hara-kiru after having set fire to their own houses. Their retainers seeing this, continued the sanguinary work of self destruction until a total number of more than 870 men had destroyed themselves.”

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Traduction

KAMAKURA.

L'origine du nom Kamakura ou « district de la Faucille » est expliqué dans une autre brochure 1 , ainsi que les dates détaillées auxquelles il est d'abord devenu la résidence, et ensuite la capitale, ou métropole du Shogun, il serait intéressant de donner le récit légendaire de sa prise et destruction par Nita-Yoshi-sada.

« En l'année 1333 (A.D.) un puissant Daimio et grand général Nita-Yoshi-sada [Nitta Yoshisada 2 ] à la tête de vingt mille cavaliers, a fait un raid sur Kamakura ; et trouvant les hautes collines bien protégées, les routes dangereuses et gardées par des milliers d'hommes armés, et la plage obstruée par d'énormes branches d'arbres, et flanquée à une distance de cent ou deux cents yards par de nombreuses jonques de guerre remplies d'archers, de sorte qu'il ne pouvait en aucune manière approcher la ville – il descendit de son cheval, et en ôtant son casque, il pria Ryu-jin [Ryūjin] le Dieu de l'océan 3 (qui correspond à Neptune dans la mythologie occidentale) ; et en même temps, tirant son épée, richement orné d'or, il la jeta dans les vagues. – Puis merveilleux à raconter – les vagues se retirèrent, et le sol s'assécha jusqu'à une distance d'environ deux mille yards ! Après quoi son armée, chacun voulant arriver le premier, marcha sans plus obstacle jusqu'à Kamakura, prit la ville et passa ses habitants au fil de l'épée 4  ».

« Le lendemain de cet événement dans un temple sur les collines, derrière les principaux temples de Kamakura, (dont les vestige sont maintenant difficilement reconnaissables, deux cent quatre-vingt trois hommes de renom, et proches de Inye-do de Sagami (qui semble avoir été seigneur du district), qui a été conquis et chassé comme indiqué auparavant, se firent Hara-kiru [Hara-kiri / seppuku] après avoir mis le feu à leurs propres maisons. leurs vassaux voyant cela, ont continué l'œuvre sanguinaire de l'autodestruction jusqu'à ce qu'un nombre total de plus de 870 hommes se fut autodétruit ».

1. Murray fait référence à la brochure en japonais de l'épreuve précédente du Daibutsu de Kamakura.

2. Nitta Yoshisada (新田義貞, 1301-1338), chef de la famille Nitta au début du xive siècle, a soutenu la Cour de l'empereur Go-Daigo Sud durant la période Nanboku-chō, et pris Kamakura au clan Hōjō en 1333.

3. En fait, Ryūjin ou Ryōjin (龍神), le dieu dragon est évoqué par Nitta en tant qu'avatar de la déesse du soleil, Amaterasu.

4. Le récit de Murray est historique dans ses grandes lignes. Nitta profita d'une marée basse et les massacres relatés sont exacts.


Commentaire

Une vue de quelques bâtiments secondaires du sanctuaire shintō syncrétique Tsurugaoka Hachiman-gū (鶴岡八幡宮) à Kamakura (鎌倉), ville située en bord de mer au sud-ouest de Tōkyō et Yokohama. Choisie par le shōgun Minamoto no Yoritomo, elle fut de 1192 à 1333, la capitale du Japon. Le sanctuaire shintō Tsurugaoka Hachiman-gū, érigé face à la mer, adossé à une colline, et dédié à Hachiman, dieu de la guerre, divinité tutélaire du clan Minamoto en était le temple le plus important.

Les bâtiments photographiés sont situés derrière la grande pagode de style ésotérique (tahōtō 宝塔釈). Une épreuve de cette pagode est conservée dans les collections du musée Guimet (fonds Dubois), elle a été prise ultérieurement, vers 1870 (épreuve de Raimund von Stillfried, cf. 11415). Beato a également photographié cette pagode fin 1864, en même temps que l'épreuve présentée ici, mais cette superbe vue ne figure pas dans cet album. On note à l'extrême gauche, assis sur les marches d'un bâtiment, trois Occidentaux en tenue de cavalier dont l'un est en train de dessiner à la plume. Le premier est Charles Wirgman 1 , le deuxième Felice Beato et le troisième pourrait être le français Alfred Roussin (1839-1819), officier de marine, artiste amateur et ami proche des deux premiers 2 . Ils effectuèrent plusieurs excursions ensemble.

Notes

1. Charles Wirgman (1832-1891), un artiste correspondant au journal The Illustrated London News, rencontra Beato en Chine en 1861. Les deux forment un partenariat à Yokohama nommé Beato & Wirgman, Artists and Photographers qui durera de 1864 à 1867.

2. Cf. POLAK Christian, Lys et Canon, Images et correspondances retrouvées (1860-1900), Tokyo, Chambre de commerce et d'industrie française du Japon, 2013, p. 176. 


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Permalien pour cette notice

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