Raimund Stillfried-Ratenicz (Baron von), 

Nagasaki, pont en pierre sur la rivière Nakajima


Inscription , en bas à gauche

255 NAKASHIMA.


Commentaire

Une autre vue bucolique de la rivière Nakajima avec un pont en pierre se reflétant dans l'eau, rendue aussi lisse qu'un miroir par le long temps de pose exigé par le procédé au collodion humide. Derrière le pont, on distingue la blanche façade d'une résidence. Il s'agit de l'atelier du plus célèbre photographe de Nagasaki, Ueno Hikoma (上野彦馬). Ouvert en 1862 par Ueno qui n'avait alors que vingt-cinq ans, ce studio prospère ne ferma qu'en 1904, à son décès. Ce portraitiste renommé avait vu défiler dans son atelier de nombreuses personnalités.

Pierre Loti décrit minutieusement le studio d'Ueno Hikoma, « le bon faiseur de Nagasaki » dans son roman Madame Chrysanthème. Durant son bref séjour à Nagasaki pendant l'été 1885, il était allé deux fois « chez le photographe en renom, avec Pierre [Le Cor] et la mousmé, [se] faire faire en groupe » dans l'atelier près de la Nakajima entouré « de grands lauriers-roses tout en fleurs, et des bambous frêles. De vieux temples de Bouddha et du Dieu-Renard 1  ». Un des deux portraits, qui n'était peut-être pas suffisamment flatteur pour un écrivain à la mode fut largement modifié pour la gravure de l'édition originale de Madame Chrysanthème 2 . La résidence d'Ueno Hikoma, encore intacte dans les années 1960, a été rasée depuis pour faire place à un parking.

Notes

1. LOTI Pierre, Madame Chrysanthème, Paris, Calmann-Lévy, 1888, rééd. GF-Flammarion, 1990, p. 127.

2. ESTEBE Claude, Ueno Hikoma (1838-1904) Un pionnier de la photographie japonaise, maîtrise de langue et civilisation japonaises, INALCO, 1998. Mémoire présenté sous la direction de MM. Christophe Marquet et Jean-Jacques Origas, p. 109.


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